~° Torture intérieure °~

17h30. La journée se terminait tout doucement, sous la pluie et les coups de tonnerre lointains. Les nuages noirs étaient bas, les routes étaient pratiquement inondées... Les chemins de terre n'étaient pas mieux.

Dans ce chaos, quelques voitures circulaient, roulant bien au delà de la limitation de vitesse autorisée, et peu de piétons, de sortie avec leur parapluie, se faisaient arrosés.

Zack marcha dans une flaque d'eau. Et voilà ! Son bas de jean délavé et sa basket à l'américaine étaient trempés. Cependant, le jeune homme ne sembla pas s'en formaliser. N'ayant pas de parapluie, il était déjà bien mouillé depuis le début de la pluie.

Devant lui, rien que le vide. Avec cette tempête, on ne voyait pas plus loin que quelques mètres devant soi. Mais bon, de toute façon, il ne regardait que le sol, seul et perdu... Ses cheveux mi-longs cachaient son visage fin et pâle, ses yeux presqu'or semblaient sans vie. Que lui arrivait-il ?

Bonne question.

Son chemisier à manches longues, blanc, était devenu transparent à cause de l'eau, dévoilant son corps frèle et ce tatouage le long de sa côte, tribal, qui le rendait aussi bien mystérieux que pathétique.

Voilà qu'il bifurque à une intersection. Son sac de sport, contenant les seules affaires qu'il possédait, percuta une personne sans parapluie qui, d'un seul coup, s'emporta contre le pauvre Zack :

" Espèc' d'enfoiré ! Tu oses me percuter ? Tu vas devoir payer ! "

Parfois, le mauvais temps rendait les gens méchants. Ce type avait dans la vingtaine, était habillé d'une veste de motard et d'un jean troué, et semblait vraiment en vouloir au jeune homme sous cette moustache qui dévoilait ses dents.

Au moins, ce n'était pas un Nuzzler...

La main de Zack s'agrippa un peu plus à son sac de sport et, en redressant la tête, voilà qu'il dévoile cette peur d'être seul. Dès qu'il se faisait attaquer, il était obligé de fuir... Une fillette... Tout le monde l'avait appelé ainsi à cause de son corps, et surtout pour son manque de courage.

Il commence à courir, suivit de près par ce mec grincheux qu'il avait à peine effleuré, sans regarder où il allait exactement. Il suivit les rues, les intersections... et bientôt, arriva au cimetière.

Plus personne derrière lui, il l'avait semé. Reprenant son souffle, légèrement penché en avant, il observa un moment l'entrée du lieu avant d'y pénétrer, doucement, silencieusement.

Tout était innondé par ici. Ce qui ne l'empêcha pas d'avancer entre les tombes. D'un furtif coup de tête, il retira les mèches de cheveux qui lui barrait la vue avant de poser lentement son sac à terre.

Des morts... Un lieu où personne ne se trouvait aujourd'hui. Seul avec de la pierre, de la terre, et des fleurs écrasées par les gouttes d'eau, Zack chercha inutilement une tombe qu'il ne trouvera jamais : celle de sa mère.

Voyant les noms défilés, sans voir le sien, il abandonna en se laissant tomber à genoux sur les graviers trempés qui écorchèrent rapidement ses genoux sous la légère épaisseur de son pantalon. Il se passa une main sur le visage puis, bientôt, il se mit à pleurer silencieusement et à gémir... A gémir un appel qui ne sera de toute façon pas entendu de la personne concernée :

" Maman... Maman... où es-tu ?... "

Comme à chaque fois qu'il était dans cet état en jour pluvieux, il se calma rapidement, levant le visage vers le ciel et laissant la pluie nettoyer ses larmes, et se mit à chanter d'une voix mélancolique...

Une voix que beaucoup de producteurs recherchaient dans leur temps d'émotions fortes. N'importe qui passant par là aurait pu l'entendre et l'écouter, comme si c'était une fille qui chantait tout doucement.

C'était magnifique... Il n'y avait pas d'autre mot.

Dans un cimetière, par une grande pluie d'été, un jeune homme chantait pour les morts et pour lui seul...

comme il en avait pris l'habitude depuis qu'il vivait seul minifoie se glissa dans le cimetière, un endroit tranquille qui lui convenait parfaitement. Il se dirigea vers la tombe anonyme ou étaient enterrés ses parents, quand il sentit une présence par trop familière: un sang chaud, mais un sang chaud différent. Il chantait, minifoie ne l'entendait pas mais il percevait une douce vibration, quelque chose qui curieusement l'apaisait, lui enlevait toute ,agressivité. Lui qui était pret à en découdre un instant plus tot, sortit de l'obscurité et resta les bras ballants à l'écouter

[ Désolée de ce retard, j'avais un petit problème durant quelques jours ]

Complètement trempé, Zack finit par terminer sa chanson en baissant la voix, une dernière note, un dernier soupir. Puis il ferma les yeux. Cela faisait un bien fou de se défouler ainsi. Pas comme ceux qui se scarifiaient...

C'est alors qu'il sentit une présence non loin. Humain, il l'était, oui. Sans aucun doute. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir un sixième sens assez aiguisé, comme lorsqu'il sentait une présence qui n'était pourtant pas près de lui... En tout cas, pas une présence vivante.

Enfin, il rouvrit ses paupières pour, finalement, tourner la tête vers le Nuzzler présent. Sur le coup, il resta inerte et complètement silencieux. Enfin un qui s'approchait de lui...

Se redressant, il se passa les mains sur son pantalon trempé avant de la passer dans ses cheveux, qu'il ébouriffa au passage. Un léger sourire, plutôt timide, se peignit sur son visage et il resta planta là, près de cette tombe devant laquelle il avait chanté.

Avec une voix légèrement tendue, une voix tout aussi timide que son sourire, il s'adressa à ce Nuzzler qui n'était pas très loin de lui :

" Euh... Je suis désolé... Ce n'est pas vraiment le bon endroit pour chanter... J'ai sûrement dû vous déranger... "